A l’heure où la première personne de genre neutre vient d’être officiellement reconnue aux Etats-Unis, à l’heure où l’on massacre des homosexuels dans des clubs et à l’heure du mariage pour tous en Europe, la question du genre ne nous a jamais autant taraudée, divisée, interrogée, choquée.
Ne nous privons donc pas de la lecture de Sexus Nullus, ou l’égalité, de Thierry Hoquet, paru aux éditions iXe à la rentrée dernière. Spécialiste de la philosophie des sciences et de la période des Lumières, il nous interroge dans cet essai en forme de conte philosophique sur la pertinence du maintien du genre dans la société.
Son Candide se nomme Ulysse Riveneuve, illustre inconnu se jetant par un enchaînement de circonstances plus ou moins médiatiques dans la course à la présidentielle française. Son seul programme: la promesse qu’une fois élu, il fera disparaître la notion de genre de la République. Sans nier la réalité de la différence sexuelle, le genre sera considéré, au même titre que la religion ou les origines, comme une donnée privée ne relevant que de la vie personnelle de chacun.
C’est cette idée qui est filée tout au long des 170 pages du conte. Au-delà du buzz crée par sa candidature, Riveneuve s’attache en effet à démontrer aux médias, à la classe politique, aux médecins, aux biologistes, aux marketeurs, aux notaires et juristes, aux religieux, aux athées, aux étudiants, aux académiciens, aux financiers…les bien-fondé de cette petite révolution qui changerait toute la société. Malgré tous ses efforts, Riveneuve sera-il élu?
Au-delà d’une écriture fluide et agréable Thierry Hoquet va au bout de son idée et, en concevant une société dans laquelle le genre serait neutre, nous invite à nous interroger sur la notion de genre, son sens et son utilité dans nos sociétés. Un livre accessible, qui donne envie d’aller plus loin et qui invite à la réflexion et l’interrogation, donc.
Au-delà de la question du genre, l’auteur n’épargne pas notre société contemporaine et critique avec ironie la classe politique, ses meetings et son hypocrisie. Des débuts médiatiques de Riveneuve dans Marie-Claire à son passage dans un talk-show américain très connu, la force et la bêtise des médias n’est également pas épargnée.