A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
A
Militante des droits humains, opposante au régime de Bachar al-Assad, Samira al-Khalil a activement participé au soulèvement démocratique de 2011. Son engagement de longue date pour la justice et la liberté lui avait déjà valu un long séjour en prison, de 1987 à 1991, du temps de Hafez al-Assad, le père de l’actuel tyran. Elle travaillait au Centre de documentation des violations en Syrie et avait créé avec Razan Zeitouneh deux lieux d’accueil pour les femmes dans la ville de Douma, située dans la zone rebelle, puis assiégée, de la Ghouta orientale. Arrivée sur place en mai 2013, elle a été enlevée en décembre de la même année en même temps que son amie Razan et deux de leurs camarades. Depuis, les « quatre de Douma » ont disparu. Nul ne sait dans quelles conditions – hormis leurs ravisseurs.
Isabelle Alentour vit et travaille à Marseille.
Son rapport à l’écriture a évolué au fil de son parcours personnel et professionnel – de la recherche en biologie à la recherche en sciences humaines et sociales, puis de la recherche à une pratique psychanalytique. Il y a déjà quelques années, à sa grande surprise sa plume l’a conduite en terre poétique, pour dire ce qui est, se reçoit et s’éprouve: “Écrire un poème c’est parler la tendresse ou la douleur, plus que parler de la tendresse ou de la douleur. Dans le poème, je ne parle pas de la mort, je dis la mort, je ne parle pas de la vie, je dis la vie.”
Plusieurs de ses poèmes ont paru dans les revues Thauma, Décharge, Phoenix, Dissonances, Ce qui reste, Écrits du Nord, etc. Ainsi ne tombe pas la nuit est son troisième recueil publié, après Je t’écris fenêtres ouvertes (La Boucherie Littéraire, 2017) et Louise (Lanskine, 2019).
Directrice artistique, designer graphique et fondatrice de l’Agence Comme ça, Corinne App a très tôt mis ses talents de graphiste au service de la presse et de l’édition féministe – en participant notamment aux journaux Histoires d’elles (Paris), Courage (Berlin) et aux Éditions Tierce.
Photographe plasticienne.
Photographe plasticienne.
Isabelle Auricoste vit à Paris, travaille en banlieue. Elle écrit, beaucoup, chez elle, dans le train, en vacances. Son précédent livre, Retour à Karp, est paru aux Éditions d’Écart.
B
Manon Berthier est doctorante en littérature comparée. Elle travaille sur les modalités des lectures éthiques et politiques la fantasy anglophone et francophone contemporaine, et sur l’articulation entre le genre littéraire et le genre en tant que rapports sociaux de sexe. Elle a notamment publié Écrire à l’encre violette. Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours avec Aurore Turbiau, Margot Lachkar, Camille Islert et Alexandre Antolin (2022). Site internet : https://fantasygenre.hypotheses.org/
Professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers, membre senior de l’Institut universitaire de France, Christine Bard est spécialiste de l’histoire des femmes et du genre. Elle a dirigé et signé de nombreux ouvrages, dont Une histoire politique du pantalon (Le Seuil, 2010 nlle éd. 2014) et Les garçonnes : mode et fantasmes des Années folles (Flammarion, 1998, nlle éd. Autrement, 2021).
Pour le cycle intitulé L’histoire traverse nos peaux douces, se faisant l’historienne de son histoire familiale, elle croise l’analyse des traces mémorielles conservées (lettres, photos, états civils), avec ses propres souvenirs, l’objectif avec le subjectif, le personnel et le familial avec le politique. Le cycle s’articule autour d’un maître-mot : le conflit. L’histoire qui traverse les peaux douces est celle de la lutte des classes, des sexes, et des populations en guerre : ici, les deux grands conflits mondiaux du 20e siècle et la guerre d’Algérie.
Photo : ©Laurence Prat
Katy Barasc est philosophe, essayiste et poète. Son champ d’investigation privilégie les écritures nomades où se questionnent les cadres du dire et du penser. Spécialiste de Joë Bousquet, elle a publié de nombreux articles sur Virginia Woolf, Djuna Barnes, Katherine Mansfield, Nathalie Sarraute, Simone Weil… Son dernier recueil, Que ferons-nous de ce silence? est paru aux Éditions Noir & Blanc.
Professeure de civilisation britannique à l’Institut Charles V, Françoise Basch a cofondé en 1975 un des premiers groupes d’études féministes en France, le GEF, à l’Université Paris VII. Autrice de deux ouvrages importants sur l’histoire des femmes, en Grande-Bretagne (Les femmes victoriennes) et aux États-Unis (Rebelles américaines au XIXe siècle: mariage, amour libre et politique) elle a également consacré une importante biographie à son grand-père, Victor Basch.
Anaïs Bohuon est socio-historienne, professeure des Universités à la Faculté des Sciences du sport de Paris-Saclay. Outre ses activités d’enseignement, elle publie des articles et ouvrages scientifiques sur le corps, le sport et le genre.
C
Depuis la parution de L’Encontre en 1975, Michèle Causse a construit une œuvre polyphonique: fictions, essais théoriques, poésie, théâtre, collaboration à diverses revues. Son écriture naît de l’affrontement avec cette langue qu’elle nomme «androlecte», indice de la domination d’Un seul qui fait universel et s’avance sous le masque du neutre. La langue qu’elle invente dégenre les injonctions identitaires et annonce l’obsolescence des pronoms IL et ELLE. : acte politique d’une lesbienne radicale, tâche épistémique et éthique qu’elle poursuivra jusqu’à sa mort, choisie en 2010.
Écrivaine et sociologue, Chahla Chafiq a publié des ouvrages de fiction (Chemins et brouillard, Demande au miroir) et des essais où elle analyse, notamment, le phénomène de l’islamisme et ses conséquences sociales, culturelles et politiques. Islam politique. Sexe et genre à la lumière de l’expérience iranienne (PUF, 2011) a reçu le prix Le Monde de la recherche universitaire.
Originaire de Montréal, au Canada, Danielle Charest s’est installée à Paris au début des années 1990. Romancière, elle a notamment écrit des polars (Éditions du Masque) et un essai sur les représentations des hommes et des femmes dans la littérature policière (Éditions Pepper). Danielle publiait aussi la Lettrinfo, largement diffusée par mail, qui nous informait sur l’état du monde et sur l’état des luttes : luttes des femmes, des lesbiennes, et, au-delà, des révoltes nées de l’indignation qu’elle soutenait avec une immense force de conviction. Lesbienne radicale radicalement féministe, Danielle a été de tous les combats qui nous ont mobilisées ces vingt dernières années. Elle est décédée le 13 octobre 2011.
Chargée de recherche au CNRS, au sein de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS – UMR CNRS, EHESS, UP13, Inserm), Isabelle Clair travaille sur l’entrée dans la conjugalité de jeunes appartenant à divers groupes sociaux. Elle a publié Les jeunes et l’amour dans les cités (Armand Colin, 2008) et Sociologie du genre (Armand Colin, 2012).
Romancière et philosophe, Françoise Collin est la fondatrice, en 1973, de la première revue féministe francophone, Les Cahiers du Grif, d’abord publiés à Bruxelles, puis à Paris. Attentive à éviter les écueils du dogmatisme, elle s’est passionnément vouée à ouvrir et élargir les horizons du féminisme qu’elle vivait comme une exigence de libération et de liberté, un mouvement alliant l’agir et la pensée, qui pour rester vivant devait se déployer simultanément dans le réel, contre les injustices, et dans l’espace symbolique, celui de la création. Sa mort, le 1er septembre 2012, a suscité de nombreux témoignages réunis sur le blog « Féministes en mouvement », et sur celui de Sophia, le réseau belge des études de genre qu’elle avait contribué à créer.
Romancière et philosophe, Françoise Collin est la fondatrice, en 1973, de la première revue féministe francophone, Les Cahiers du Grif, d’abord publiés à Bruxelles, puis à Paris. Attentive à éviter les écueils du dogmatisme, elle s’est passionnément vouée à ouvrir et élargir les horizons du féminisme qu’elle vivait comme une exigence de libération et de liberté, un mouvement alliant l’agir et la pensée, qui pour rester vivant devait se déployer simultanément dans le réel, contre les injustices, et dans l’espace symbolique, celui de la création. Sa mort, le 1er septembre 2012, a suscité de nombreux témoignages réunis sur le blog « Féministes en mouvement », et sur celui de Sophia, le réseau belge des études de genre qu’elle avait contribué à créer.
Née en 1855, Gertrude Colmore fut, en son temps, une des voix les plus éloquentes de la lutte suffragette aux États-Unis. Romancière, essayiste, poète et fervente féministe, elle militait aussi pour le bien-être animal. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont The life of Emily Davison, The angel and the outcast, Priests of progress et A brother in the shadow. La photo associée à cette notice est celle d’une statue qui lui est dédiée, à elle et à « Tous les protecteurs des sans défense ». Cette œuvre du sculpteur Charles Leonard Hartwell a pour nom « La fille du chevrier » et se trouve à Regent’s Park (Londres).
D
Caroline Dejoie est artiste et chercheuse indépendante. Elle a réalisé deux mémoires de recherche à propos des mécanismes de retournement de l’insulte à travers des performances féministes. Le premier autour de la figure de la putain analysait les trajectoires de Yoko Ono, Alberto Sorbelli et Niki de Saint Phalle. Le second portait sur la figure de la sorcière, et s’intéressait particulièrement aux travaux de l’artiste cubaine et américaine Ana Mendieta. Depuis 2018, elle nourrit une réflexion en gestes, en images, en mots et en sons autour de figures dites monstrueuses auxquelles elle s’identifie. Sorcières, putains, harpies, chimères et cyborgs peuplent ses performances : Les sorcières ne sont pas des femmes
(2019), Petites oiselles de mauvais augure (2020), Tuto make-up pour devenir une chimère misandre (2022) et ses illustrations : Ardent·es, Cyborg gang (Souvenirs de gestes), Racines (produits en 2022). Elle participe à créer des objets sonores qui font résonner les mondes à venir : en 2022, Echos du futur (Les Jaseuses) et Radio Coven (avec Mathilde Leïchlé). Membre du Laboratoire Corps, genre, arts, elle participe à la curation d’une exposition virtuelle : « Retracer notre ciel » (2021) et d’une soirée artistique : « Métamorphes. Des rites de passage qui n’en finissent pas de passer » (2023). Dans ses derniers travaux, elle réfléchit à la question des sonorités de la prise de parole des personnes minorisées : M’entends-tu ? (2021), Entends monter nos cris. Contre-coaching vocal en milieu patriarcal (avec Mathilde Leïchlé et Camille Islert, 2022). Site internet : https://carolinedejoie.persona.co/
Lauren Delphe a vécu plusieurs années au Québec avant de revenir en France dans la période faste du renouveau des luttes féministes. Depuis, elle partage sa vie réelle et virtuelle entre Paris, où elle donne libre cours à sa colère militante, Montréal, où elle s’est découvert un talent pour le désir et la survie, et Séoul, pour l’amour sororal. Elle pratique avec rage et bonheur le collage féministe contre les féminicides et les violences patriarcales, pour la fierté lesbienne et handie. Sa préférence va à la colle violette, elle abuse du café et a publié ses premiers textes dans les revues Saturne, Le Pied (revue littéraire de l’Université de Montréal) et L’Organe (revue littéraire de l’Université Concordia.
À douze ans, Marie Docher veut être photographe et écrivaine. À dix-huit ans, elle prend un chemin de traverse et fait une école de commerce. À trente ans, elle crée et dirige une entreprise de communication visuelle. À quarante ans, elle perd tout et en profite pour devenir photographe. À cinquante ans, profondément choquée par les manifestations contre la loi sur le mariage pour tous, elle écrit ce livre. On est alors en 2014.
Professeure de philosophie sociale et politique à l’Université Paris-8 Vincennes/Saint-Denis Elsa Dorlin est membre du CRESPPA/Labtop. Elle a publié L’évidence de l’égalité des sexes. Une philosophie oubliée du XVIIe siècle (L’Harmattan, 2000) ; La matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française (La Découverte, 2006) ; Sexe, genre et sexualité. Introduction à la théorie féministe (Puf, 2008) ; et Se défendre. Une philosophie de la violence (Zones éditions, 2017). Elsa Dorlin a également édité Black Feminism. Anthologie du féminisme africain américain (1975-2000) (L’Harmattan, 2008) et dirigé Sexe, race, classe. Pour une épistémologie de la domination (Puf, 2009).
Après avoir fait des études d’économie et enseigné deux ans dans le secondaire, je suis partie me balader en mer et sur la route pendant cinq ans, subsistant de petits boulots. Depuis toujours j’aimais lire et j’écrivais. C’étaient les années soixante-dix, le voyage et la musique étaient des modes de vie. À mon retour, j’ai commencé à traduire des livres. Ensuite, après avoir vécu deux ans à Londres, je me suis mise à écrire. J’ai aussi eu des enfants, dirigé L’ÉVIDENCE, revue d’art et de poésie, réfléchi aux liens qu’entretiennent les femmes avec la création, organisé quelques expositions autour de cette question, et publié un livre sur les femmes et l’art au xxe siècle.
Traductrice – de Paula Fox, Janet Frame, Delmot Bolger et bien d’autres – Marie-Hélène Dumas est aussi écrivaine. On lui doit des romans, Quoique et Il reste moins de temps que tout à l’heure, une biographie romancée de la photographe Germaine Krull, Lumières d’exil, un « tombeau » pour John Lennon, Flagrant délire par éclats de ouï-dire, et elle a dirigé la publication d’un ouvrage postfacé par Françoise Collin, Femmes et art au xxe siècle. Le temps des défis.
E
Aurore Evain est metteuse en scène, autrice, comédienne et chercheuse. Parallèlement à sa formation de comédienne, elle a suivi le cursus d’Études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle, avec une spécialisation en histoire de l’Ancien Régime. Depuis vingt ans, ses recherches et créations portent tout particulièrement sur la question du genre dans les arts du spectacle, notamment par la mise en valeur du matrimoine et des créatrices passées.
F
Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris-Diderot, Jules Falquet est coresponsable du Centre pour la documentation, la recherche et les études féministes (Cedref). Elle est membre du comité directeur de la Fédération de recherche sur le genre-RING, du réseau scientifique TERRA et de l’Association pour le développement des études historiques en Amérique centrale. Elle fait partie des comités de direction des revues Nouvelles questions féministes, Les Cahiers du genre, Les Cahiers du Cedref et La manzana de la discordia. «Depuis 1989, je vis et travaille entre la France, le Mexique, le Salvador et d’autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Mes premières recherches portaient sur la scolarisation des femmes indiennes du Chiapas (DEA), puis sur la participation des femmes au projet révolutionnaire armé au Salvador. Suivant les évolutions des mouvements sociaux de la région (de femmes et féministes, paysans et indiens), je travaille aujourd’hui sur les résistances collectives à la mondialisation néolibérale et ses conséquences (nouvelles idéologies de la “gouvernance” et du “développement”, transformation des migrations, ré-articulation des rapports sociaux de sexe, classe et “race”, instrumentalisation du “genre”).» Jules a aussi écrit pour les Éditions iXe l’avant-propos du livre d’Andrée Michel, Féminisme et antimilitarisme. Et elle a codirigé avec Paola Bacchetta Théories féministes et queers décoloniales. Interventions Chicanas et Latinas états-uniennes, un numéro du Cedref coédité avec les Éditions iXe.
Réalisatrice, productrice et enseignante d’art vidéo à l’École européenne supérieure de l’image. Au début des années 1970, Anne-Marie a fait partie du collectif Videa, un groupe de quatre femmes vidéastes et féministes qui filmaient les actions et la vie des femmes en lutte. Elle a réalisé plusieurs films sur le travail et la précarité économique des femmes, ainsi que sur la délinquance féminine.
G
Né en 1978, près de Porto, Nuno Gomes Garcia fait partie de la génération montante des écrivains portugais. Après des études en histoire et une première carrière d’archéologue, il se consacre désormais à la littérature. Outre son activité de romancier, il est consultant éditorial et critique littéraire pour la presse écrite et la radio.
Il écrit essentiellement des romans dystopiques dans lesquels il explore des questions sociopolitiques contemporaines : les systèmes d’oppression, la montée des populismes, les crises climatiques et migratoires, la xénophobie, le sexisme…
Il est l’auteur de quatre romans, dont deux ont été traduits et publiés en France : Sabino, ou les tribulations d’un soldat portugais dans la Grande Guerre (Petra, 2018, traduction de Dominique Stoenesco), La domestication (iXe, 2022, traduction de Clara Domingues).
Sonia Maria Giacomini est anthropologue. Elle enseigne dans le département des sciences sociales de l’Université pontificale de Rio de Janeiro et dirige le Centre interdisciplinaire de réflexion et de mémoire sur les Afro-descendants. Ses recherches portent sur les questions de genre et les questions raciales dans la société brésilienne.
Sociologue au CNRS, Colette Guillaumin a rejoint très tôt le comité de rédaction de la revue Questions féministes, fondée en 1977 et qui a développé en France le courant de pensée identifié sous le nom de féminisme matérialiste. Elle y publie en 1978 un article important, «Pratique du pouvoir et idée de nature», paru en deux parties dans les numéros 2 et 3 de la revue, dans lequel elle propose, la première, le concept de sexage en s’inspirant de ses travaux antérieurs sur le racisme. Son premier livre, L’idéologie raciste. Genèse et langage actuels, édité pour la première fois en 1972 a été repris par Gallimard en 2000.
Sociologue au CNRS, Colette Guillaumin a rejoint très tôt le comité de rédaction de la revue Questions féministes, fondée en 1977 et qui a développé en France le courant de pensée identifié sous le nom de féminisme matérialiste. Elle y publie en 1978 un article important, «Pratique du pouvoir et idée de nature», paru en deux parties dans les numéros 2 et 3 de la revue, dans lequel elle propose, la première, le concept de sexage en s’inspirant de ses travaux antérieurs sur le racisme. Son premier livre, L’idéologie raciste. Genèse et langage actuels, édité pour la première fois en 1972 a été repris par Gallimard en 2000.
H
Marys Renné Hertiman est doctorante en sciences de l’information et de la communication. À partir d’une approche indisciplinée (Laurent Loty) et en mode bandita (Linda Singer), elle étudie les théories de la reconnaissance et l’histoire des créatrices dans la bande dessinée française. Porteuse du projet « Histoire, mémoire, revendications et représentations des femmes dans le neuvième art », elle co-dirige avec Camille de Singly l’ouvrage Matrimoine de la BD (à paraître). Elle explore également le lien entre politique et différentes formes d’expression artistique (recherches sur Hans-Christian Andersen et sur le cinéma underground espagnol) et s’interroge aussi et surtout sur la pratique du féminisme sur le terrain.
Hirabayashi Taiko (1905-1972) est l’autrice d’une œuvre riche de 12 volumes (en japonais). Elle affirme très tôt son indépendance en quittant sa province natale pour Tokyo, où elle rallie les cercles anarchistes, gagne fort mal sa vie et décide de devenir écrivaine. Ses premiers textes, publiés en revue, l’inscrivent d’emblée dans le courant de la littérature prolétarienne, tendance féministe. D’une plume féroce trempée dans le noir de l’humour, elle y dénonce la double oppression, capitaliste et patriarcale, qui pèse sur les militantes. Encore trop peu traduite en français, son œuvre, largement inspirée par sa vie, compte des romans, dont plusieurs polars, des récits, des essais, des contes pour enfants…
Philosophe, professeur à l’université Paris Ouest-Nanterre et membre junior de l’Institut Universitaire de France depuis 2011, Thierry Hoquet travaille sur les sciences de la vie et sur leurs prolongements culturels : les modèles de l’évolution, le concept de sexe en biologie, les rapports entre machines et organismes. Après plusieurs publications sur les naturalistes du XVIIIe siècle, en particulier Buffon et Linné, il a publié notamment : Darwin contre Darwin (Le Seuil, 2009), La virilité (Larousse, 2009), Cyborg philosophie. Penser contre les dualismes (Le Seuil, 2011). Il est également l’auteur d’une traduction de la première édition de L’origine des espèces de Charles Darwin (Le Seuil, 2013). Les deux premiers volumes de son anthologie sur Le Sexe biologique sont parus chez Hermann en 2013 et 2014.
I
J
Poète, Emmanuèle Jawad creuse la langue jusqu’à obtenir une prose trouée, lacunaire, allégée des vides du discours. Touchés par ce travail de fragmentation, les mots éclatent de polysémie, ils s’entrechoquent et se frottent les uns aux autres dans un crépitement de significations. L’histoire qu’ils délivrent a trait à l’emprise du genre, aux stratagèmes à déployer pour s’en déprendre. Elle s’illustre de faits aléatoires et têtus, aux effets durables.
K
Militante féministe et lesbienne, syndicaliste, ancrée à gauche depuis toujours, Irène Kaufer qui vit à Bruxelles, collabore, entre autres, au journal féministe Axelle. Sur son site web, elle met en ligne ses coups de cœur, coups de torchon, coups de balai…
L
Anna Levy est doctorante en littérature française. Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné quelques années dans le secondaire et se consacre maintenant à l’écriture d’une thèse sur les performances littéraires, qui réfléchit à la manière dont ces formes intermédiales sont investies par les artistes femmes, queer et féministes et ouvrent de nouveaux espaces de création politiques et artistiques. Elle s’intéresse à la littérature vivante, quand elle se pratique en communauté (festival littéraires, soirées de performances, etc.) et s’interroge sur comment faire littérature autrement.
Mathilde Leïchlé est doctorante en histoire et histoire de l’art, chargée d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art, critique d’art, commissaire d’exposition et podcasteuse. Après s’être intéressée au type de la pécheresse repentie, aux courtisanes et au culte de Marie Madeleine pendant ses années de Master à l’École du Louvre, sa thèse porte à présent sur les images et imaginaires des violences sexuelles faites aux femmes au XIXe siècle en France. Membre de Jeunes Critiques d’Art, elle collabore régulièrement avec des artistes contemporain·es et a été lauréate du prix du jury du Prix Sciences Po pour l’art contemporain en 2017, en binôme avec l’artiste Raphaëlle Peria. Elle a travaillé pour différentes institutions, dont le Davis Museum (États-Unis, Wellesley College) et le musée d’Orsay à plusieurs occasions, par exemple en tant que chargée de mission auprès de la direction de la conservation pour valoriser les artistes femmes au sein des collections. Elle a contribué à des catalogues ou publications liés à des expositions (Prostitutions. Des représentations aveuglantes ; Marie Madeleine, la Passion révélée ; Signac collectionneur), au répertoire biographique en ligne des artistes femmes d’AWARE, ainsi qu’à un numéro spécial de la revue French Forum (Université de Pennsylvanie, 47.1). En tant que membre du collectif Les Jaseuses, elle a notamment co-dirigé le numéro de la revue GLAD! consacré aux « Constellations créatrices ». Site internet : https://ardentes.hypotheses.org
La Barbe est un groupe d’action féministe fondé en 2008 en France. Ses militantes dénoncent l’omniprésence des hommes dans les instances de pouvoir économiques, politiques, culturelles et médiatiques.
Avant de s’établir à Toulouse, Souad Labbize a vécu à Alger et à Tunis. Elle est romancière, poétesse et traductrice littéraire. Son premier roman, J’aurais voulu être un escargot, paru en 2011 chez Séguier, a été réédité en 2019 aux Éditions des Lisières. Elle a publié deux recueils de poèmes: Une échelle de poche pour atteindre le ciel (Al Manar, 2017), et Brouillons amoureux (Éditions des Lisières, 2017, bilingue français-arabe).
Docteure en civilisation nord-américaine, Manon Labry a consacré sa thèse à la sous-culture punk féministe. Son précédent livre, Riot Grrrls. Chronique d’une révolution punk féministe, a été publié en 2016 chez Zones.
Anne Larue, née le 2 septembre 1958, est universitaire, professeure de lettres. Également historienne de l’art, elle a publié plusieurs essais, dont un sur les nouvelles féministes (La femme est-elle soluble dans l’eau de vaisselle), et un roman de science-fiction, La vestale du calix.
Alliant sa profession de journaliste culturelle, sa passion pour les archives et son expertise sur les questions de genre et les sexualités, Léa Lootgieter œuvre depuis plus de dix ans pour la visibilité des lesbiennes d’hier et d’aujourd’hui. Elle a notamment coproduit les émissions radiophoniques de Gouinement Lundi, cofondé la revue Well Well Well, été vice-présidente de Sos Homophobie et coprésidente de l’Association des journalistes LGBT. Historienne de l’art de formation, elle est actuellement responsable de la rubrique musées de News Tank Culture, agence d’information spécialisée dans l’économie et les politiques culturelles.
M
Suzel Meyer est docteure en littérature comparée. Ses recherches portent sur les échos et échanges entre les autrices anglophones et francophones au cours des vingtième et vingt-et-unième siècles, autour des œuvres de Virginia Woolf et d’Annie Ernaux. Elle s’interroge notamment sur la reprise des figures mythiques dans leurs textes (« La constellation comme pratique créatrice chez Virginia Woolf et Annie Ernaux », revue GLAD!, 2022). Elle est co-fondatrice de la revue Outsider, revue de critique créative et engagée (outsider-revue.fr).
Suzel Meyer est docteure en littérature comparée. Ses recherches portent sur les échos et échanges entre les autrices anglophones et francophones au cours des vingtième et vingt-et-unième siècles, autour des œuvres de Virginia Woolf et d’Annie Ernaux. Elle s’interroge notamment sur la reprise des figures mythiques dans leurs textes (« La constellation comme pratique créatrice chez Virginia Woolf et Annie Ernaux », revue GLAD!, 2022). Elle est co-fondatrice de la revue Outsider, revue de critique créative et engagée (outsider-revue.fr).
Professeure agrégée de lettres classiques, Cassandre Martigny est chercheuse en littérature comparée et en littérature antique. Son sujet de thèse porte sur la construction du mythe de Jocaste, de l’Antiquité à nos jours, à travers différentes aires géographiques et culturelles. Elle s’intéresse plus généralement aux réappropriations des figures féminines mythiques par la modernité en Occident dans des travaux qui croisent littérature, sciences humaines et études de genre. Elle a notamment publié en 2022 un article consacré à Circé dans la Revue de Littérature Comparée (« Les Métamorphoses de Circé : vision et révision d’un mythe », RLC, vol. 382, n° 2, p. 199-215) et un autre, dans la revue GLAD!, portant sur
les réappropriations féminines de l’Œdipe Roi au XXI e siècle (« Relire pour nous relier : voix, chants et contre-chants dans les réélaborations féminines du mythe de Jocaste », GLAD! [Online], n° 12, 2022).
Anthropologue, Nicole-Claude Mathieu était une théoricienne et une militante féministe de tout premier plan. Travaillant dès le début des années 1970 dans la perspective des rapports sociaux de sexe, elle soutient que les catégories « hommes » et « femmes » sont construites socialement en fonction d’un rapport social de pouvoir. Avec Christine Delphy, Colette Guillaumin et Monique Wittig, elle inaugure ainsi « l’analyse résolument anti-naturaliste qui distinguera le féministe matérialiste francophone » (Jules Falquet). Dans l’ouvrage auteures/autrices publié aux Éditions iXe très peu de temps avant sa mort, survenue le 9 mars 2014, elle écrit en regard de son portrait, à propos de son terrain de recherche, qu’il est « l’observation hallucinée de l’amplitude de l’oppression des femmes ».
Journaliste culture, Clémence Michallon, 28 ans, vit à New York et écrit aussi bien en français qu’en anglais. Elle a publié en 2019 une première nouvelle dans la revue Décapage chez Flammarion. La dernière fois que j’ai voulu mourir c’était il y a longtemps est son premier roman.
Anticolonialiste, antimilitariste et féministe, la sociologue Andrée Michel a initié les premières recherches, en France, sur le rôle et la place des femmes. Ses premiers travaux ont été publiés dans les années 1960. Elle est aussi l’un·e des rares à avoir enquêté sur le puissant lobby militaro-industriel. Traduite en plusieurs langues, internationalement connue, elle a beaucoup travaillé avec les féministes pacifistes d’Amérique du Sud.
Philosophe et économiste, John Stuart Mill eut une longue liaison amoureuse et intellectuelle avec la féministe Harriet Taylor. « Mes publications furent tout autant les œuvres de ma femme que les miennes… », a-t-il écrit dans ses Mémoires. Il a écrit, notamment, un essai féministe intitulé De l’assujettissement des femmes.
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Maud Plantec Villeneuve est chercheuse et médiatrice écoqueerféministe. En explorant la construction genrée du rapport à l’océan des femmes des bords de mer, elle interroge ce que le non-humain fait au genre, et le genre au non-humain. Au croisement de cette approche hydroféministe et des apports de la Communication Pacifiante (CNV, Process Work), elle accompagne des éco-collectifs alternatifs sur les questions de micro-agressions, de relations de pouvoir, de soin et de reliance. Elle se forme actuellement à la Gestalt thérapie pour proposer du soin queerféministe ancré sur un territoire rural.
Autrice-compositrice et interprète, Pauline Paris a sorti trois albums de chanson française, depuis 2006: Sans sucre s’il vous plaît, Le Grand Jeu, Carrousel, et elle tourne régulièrement en France et en Allemagne. Son credo: mêler la chanson à d’autres arts. Elle a mis en musique Treize poèmes de la poétesse lesbienne Renée Vivien dans un livre-CD illustré, paru aux éditions ErosOnyx en octobre 2019. Elle a également cofondé le festival Zinzinc qui rassemble croquistes et artistes itinérant·es dans les bistrots parisiens. Enfin, elle intervient dans le théâtre musical jeune public (Marlaguette, Michka) en tant que comédienne et créatrice de chansons.
Titulaire d’une maîtrise de théâtre, Sarah Pèpe a créé sa compagnie en 1997, pour développer la pratique théâtrale des enfants et des adolescents. Depuis 2015, l’écriture est devenue sa priorité et plusieurs des textes qu’elle a écrits pour la scène ont été primés. Elle est est notamment l’autrice de I have a dream, La Peste et le choléra, Les Pavés de l’Enfer, Domestiquées et Les roses blanches.
Docteure en science politique, Françoise Picq a participé au Mouvement de libération des femmes et au développement des études féministes depuis les années 1970. Ses travaux portent sur le féminisme, son histoire, ses théories, ses relations avec le socialisme. Parmi ses publications récentes: Mouvement de libération des femmes. Textes premiers (avec Liliane Kandel, Cathy Bernheim et Nadja Ringart). Libération des femmes, 40 ans de mouvement et Féministe encore et toujours.
Photographe professionnelle, Laurence Prat réalise notamment des portraits, individuels ou de groupe. Habituée à décrypter le langage des images, elle utilise la lumière et l’angle de vue pour subvertir les règles de la représentation genrée. La série auteures/autrices répond à son désir profond d’inscrire les féministes dans l’histoire visuelle, en tant que sujets de leur propre portrait.
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Suzanne Robichon, dite Suzette, eut un temps pour nom de plume le pseudo Suzette Triton, emprunté à un roman de Christiane Rochefort. Activiste féministe et lesbienne, dès 1978 elle rejoint le Groupe des lesbiennes de Paris et participe au premier journal lesbien publié en France (Quand les femmes s’aiment). Entrée dans le comité de la revue Masques en 1979, elle le quittera pour devenir l’éditrice de la revue Vlasta, et publiera Le voyage sans fin de Monique Wittig et un roman de Gertrude Stein, Q.E.D., traduit par Michèle Causse. Elle a organisé avec Marie-Hélène Bourcier un colloque sur l’œuvre de Wittig (Paris, 2001) et dirigé la publication des Actes, parus sous le titre Parce que les lesbiennes ne sont pas des femmes. Et elle a signé avec Traude Bührman un guide historique et culturel du Paris lesbien publié en allemand, Lesbisches Paris.
En 1958, Christiane Rochefort obtient un succès retentissant avec Le repos du guerrier, premier roman audacieux porté peu après à l’écran, qui met en scène une jeune femme bourgeoise en rupture avec son milieu. En rébellion contre toutes formes d’abus de pouvoir, y compris celui du langage, elle les pourfend dans son œuvre avec acuité et insolence. Qu’ils traitent d’aliénation sociale – Les petits enfants du siècle (1961), Les stances à Sophie (1963), Encore heureux qu’on va vers l’été (1975), Les enfants d’abord (essai, 1976) – ou d’aliénation sexuelle – Printemps au parking (1969), Quand tu vas chez les femmes (1982), La porte du fond (prix Médicis, 1988) – ses écrits toujours précurseurs balaient les conventions d’une société hypocrite. Dans toute son œuvre, Christiane Rochefort recrée la langue — en particulier dans Une rose pour Morrison (1966) et Archaos (1972), elle bouscule le genre autobiographique avec Ma vie revue et corrigée par l’auteur (1978) et explore dans C’est bizarre l’écriture (1970) «ce qui se trame entre l’écrivain et son papier». Ses recueils Le Monde est comme deux chevaux (1984), Adieu Andromède et Conversations sans paroles (1997) sont des poèmes en prose où se déclinent humour, révolte et lucidité.
Professeur agrégée de biologie, Hélène Rouch fut une des fondatrices du séminaire transdisciplinaire « Limites-Frontières », qui de 1980 à 1988 a réuni, en dehors de tout cadre institutionnel, des scientifiques (mathématiciennes, physiciennes, biologistes…), des spécialistes des sciences humaines et sociales (philosophes, historiennes, sociologues) et des praticiennes (médecins, psychanalystes) autour des enjeux du féminisme. Membre du Comité scientifique du CNRS constitué à la suite du colloque « Femmes, féminisme et recherche » (Toulouse, 1982), elle a contribué à la création de l’Association nationale des études féministes et elle faisait partie du collectif éditorial de la « Bibliothèque du féminisme » (près de 40 titres publiés aux Éditions côté-femmes puis aux Éditions L’Harmattan entre 1991 et 2010).
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Pinar Selek est née en 1971 à Istanbul dans une famille engagée à gauche (son père fut emprisonné cinq ans à la suite du coup d’État). Sociologue réputée, ses travaux portent sur les minorités opprimées par la République turque. Engagée pour la défense des droits et la paix en Turquie, elle fonde une association antimilitariste et participe à la création de la première librairie féministe turque. En juillet 1998, débute un invraisemblable cauchemar judiciaire. Une explosion fait sept morts au bazar d’Istanbul et Pinar Selek est accusée d’avoir aidé des rebelles kurdes à commettre un attentat terroriste. Arrêtée, torturée, elle est incarcérée pendant deux ans, jusqu’à ce que les rapports d’expertises concluent… à une fuite de gaz ! Les tribunaux turcs l’ont acquittée à trois reprises, mais chaque fois la Cour de cassation a invalidé le verdict. Pinar Selek risque toujours la prison à vie. Son comité de soutien compte près de 4500 personnes, dont les écrivains Orhan Pamuk et Yachar Kemal. Autrice de nombreux articles et essais Pinar Selek écrit aussi des contes pour enfants et des romans, dont La maison du Bosphore, traduit en français en 2013 aux Éditions Liana Lévi.
Professeure de philosophie, journaliste et féministe, Martine Storti a publié plusieurs livres où elle associe les deux registres du personnel et du politique. D’elle, on peut lire notamment : Un chagrin politique – L’arrivée de mon père en France – Je suis une femme, pourquoi pas vous? – Quand je racontais le Mouvement des femmes dans Libération.
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Chercheuse à l’Institut des Textes et Manuscrits modernes (CNRS), Catherine Viollet s’était spécialisée dans la génétique des textes: l’étude des brouillons d’une œuvre avant publication – avec les biffures, les ratures, les retouches qui témoignent du travail d’écriture. Très tôt, à une époque où les études féministes et les études de genre n’avaient qu’une place marginale à l’Université, elle s’est intéressée aux écrits autobiographiques et aux questions de genre. Ses travaux portent notamment sur des manuscrits de Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, Raymond Federman, Violette Leduc, Marcel Proust, Christiane Rochefort; en germaniste, elle a analysé ceux d’Ingeborg Bachmann, Thomas Mann, Christa Wolf, et étudié avec Elena Gretchanaïa les journaux intimes de jeunes femmes russes du XIXe et du début du XXe siècle.
La bibliographie exhaustive de l’ensemble de ses travaux est disponible ici, sur le site de l’ITEM.
Historienne, professeure émérite de science politique à l’Université Paris 8, Eleni Varikas a contribué à introduire en français le concept de genre. Elle participe aux comités de rédaction des revues Pouvoirs (Le Seuil), Raisons politiques (Presses de Sciences Po) et Les Cahiers du genre (L’Harmattan). Ses recherches portent sur les thématiques de l’exclusion, de la Modernité, des systèmes de légitimation et des catégorisations hiérarchiques et nombre de ses travaux ont été publiés en allemand, anglais, espagnol, italien, grec, portugais et turc. On lui doit notamment Penser le sexe et le genre (Puf, 2006), Les rebuts du monde. Figures du paria (Stock, 2007), et Les femmes de Platon à Derrida. Anthologie critique, ouvrage qu’elle a codirigé avec Françoise Collin et Évelyne Pisier (Plon, 2000).
Militante féministe depuis les années 1970, Éliane Viennot s’est notamment investie dans les campagnes pour le droit à l’avortement, pour la parité et pour l’institutionnalisation des études féministes. Professeure de littérature française à l’Université de Saint-Étienne, spécialiste de Marguerite de Valois, elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique.
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Lauréate du Prix Médicis en 1964 pour L’opoponax, Wittig est de celles qui dès avant 1970 ont joué un rôle important dans l’apparition du mouvement de libération des femmes : le roman Les guérillères est paru en 1969, Le corps lesbien en 1973. En 1976, Wittig écrit Brouillon pour un dictionnaire des amantes avec Sande Zeig et quitte la France pour les Etats-Unis. Elle publie Virgile, non (1985), et se consacre à l’écriture, en français et en anglais, de courts textes de fiction ou théoriques recueillis dans Paris-la-politique et dans La pensée straight. Féministe matérialiste, Wittig a très tôt dénoncé la construction idéologique qui, en présentant la différence sexuelle comme fondamentalement naturelle, légitime de fait la subordination du féminin au masculin, i.e. la domination de la classe des hommes sur la classe des femmes, i.e. l’assujettissement et l’appropriation des femmes par les hommes. Découlant logiquement de ce matérialisme, ses positions lesbiennes radicales la conduisent à dénoncer le régime politique de l’hétérosexualité et le statut de serves, d’esclaves qu’il assigne aux femmes. Seules les lesbiennes, parce qu’elles le fuient, s’en affranchissent. D’où la formule retentissante : « la-femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes ».