Le chantier littéraire
Dans Le chantier littéraire, livre longtemps resté inédit, Monique Wittig pense ce qui a toujours été au centre de sa pratique et de son engagement : le travail même de l’écrivain, le processus de fabrication qui à partir du matériau brut des mots transforme le corps solide, opaque, du langage en œuvre conçue, donc, comme une machine de guerre.
L’analyse à laquelle elle se livre rend à Nathalie Sarraute un hommage éclatant, tout en faisant une part importante à la nouvelle critique (les Formalistes russes, Jakobson, Todorov, Bakhtine, Genette) et au Nouveau Roman. Qui a lu La pensée straight reconnaîtra dans Le chantier littéraire les textes ailleurs intitulés « Le cheval de Troie », « A propos du contrat social » et « La marque du genre », mais sous une forme qui n’est ici pas tout à fait la même, et présentés dans un ordre qui place au premier plan la littérature et les enjeux, évidemment politiques, du langage.
Langage, dit encore Monique Wittig, qui est à la fois matériel et abstrait, telle la lumière à la double nature corpusculaire et ondulatoire. « Les mots sont bien, chacun d’entre eux, comme le Cheval de Troie s’il était une statue, des choses matérielles et en même temps ils ont un sens. Et c’est parce qu’ils ont un sens, c’est dans leur sens, qu’ils sont abstraits. »
Ce livre est vendu en librairie et, en ligne, sur les sites de libraires (hors Amazon) ainsi que sur celui des Presses universitaires de Lyon
À propos de l'autrice
Lauréate du Prix Médicis en 1964 pour L’opoponax, Monique Wittig est de celles qui dès avant 1970 ont joué un rôle important dans l’apparition du mouvement de libération des femmes : le roman Les guérillères est paru en 1969, Le corps lesbien en 1973. En 1976, Wittig écrit Brouillon pour un dictionnaire des amantes avec Sande Zeig et quitte la France pour les Etats-Unis. Elle publie Virgile, non (1985), et se consacre à l’écriture, en français et en anglais, de courts textes de fiction ou théoriques recueillis dans Paris-la-politique et dans La pensée straight. Féministe matérialiste, Wittig a très tôt dénoncé la construction idéologique qui, en présentant la différence sexuelle comme fondamentalement naturelle, légitime de fait la subordination du féminin au masculin, i.e. la domination de la classe des hommes sur la classe des femmes, i.e. l’assujettissement et l’appropriation des femmes par les hommes. Découlant logiquement de ce matérialisme, ses positions lesbiennes radicales la conduisent à dénoncer le régime politique de l’hétérosexualité et le statut de serves, d’esclaves qu’il assigne aux femmes. Seules les lesbiennes, parce qu’elles le fuient, s’en affranchissent. D’où la formule retentissante : « la-femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes ».
Caractéristiques
Poids | 260 g |
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Dimensions | 14 × 18 cm |
Pages | 227 |
Paru le | 16 décembre 2010 |
ISBN | 978-2729708337 |
Revue de presse
Cathy Bernheim
Avec sa clarté de langage habituelle, Wittig se penche sur la double question des rapports de l’écrivain à l’histoire littéraire et à l’histoire tout court.