Ce recueil d’articles de Colette Guillaumin, historienne de l’idéologie raciste, féministe matérialiste, est une précieuse contribution à une théorie critique du racisme et du sexisme comme rapports de domination et comme idéologies. […] Pour Guillaumin, les femmes ont ceci de particulier, ceci de commun avec l’esclavage, et ceci de différent avec l’exploitation capitaliste, qu’elles ne possèdent même pas leur force de travail (contrairement aux ouvriers) au sein du mariage et du couple classique, d’où leur exploitation domestique non-rémunérée – manifestée par l’inégalité de répartition des tâches ménagères – et d’où leur exploitation sexuelle non-rémunérée – manifestée par une prégnance du viol conjugal. Les femmes au sein du mariage et du couple classique sont, pourrait-on dire, des femmes de ménages non-rémunérées et des travailleuses du sexe non-rémunérées (et loin d’être toujours consentantes) : c’est donc bien d’appropriation de leur force de travail domestique et sexuelle qu’il s’agit.