Virginie Ballet

C’est l’histoire d’un «abus de langage», comme une dérive progressive au fil des siècles. Quand et comment le mot «homme» est-il devenu le nom générique censé désigner dans la langue française l’ensemble de l’humanité? Professeure émérite de littérature et militante féministe, Eliane Viennot amené l’enquête dans En finir avec l’homme : chronique d’une imposture, paru en septembre. L’historienne en tire un ouvrage pédagogique qui démontre que le féminin n’a pas toujours été exclu ou invisibilisé de la langue française, loin de là. Ainsi, la langue latine comprenait à l’origine plusieurs termes : homo, pour signifier un individu appartenant à l’espèce humaine, vir, qui renvoyait à un humain adulte de sexe masculin, et
mulier, son pendant féminin. Progressivement, ces deux termes ont disparu, au profit des mots «homme» pour désigner les mâles adultes, et «femme», venu de femina, la femelle, chargée de connotations animales péjoratives.

«La langue latine n’était pas parfaitement égalitaire, mais elle l’était davantage que le français d’aujourd’hui. Beaucoup des ressources transmises par le latin pourraient être réhabilitées, à commencer par le fait de parler des femmes avec des termes féminins. Avant le XVIIe siècle, évoquer “le directeur”, pour parler d’une femme, aurait été une faute de français», estime Eliane Viennot.

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